Robert Schoulevilz et la petite cuillère : histoire et explication

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By Nicolas Godet

Le 22 septembre dernier, une altercation autour d’une simple petite cuillère a viré au drame pendant les Journées du Patrimoine à Savigny-le-Temple. Trois semaines plus tard, Robert Schoulevilz, bénévole de 79 ans, succombait à ses blessures. Au-delà de l’émotion, ce fait divers invite toutes les associations à revoir leurs réflexes en matière de prévention des conflits. Voici, point par point, ce qu’il faut retenir pour éviter qu’un tel drame ne se répète.


1. Retour sur les faits : ce qui s’est vraiment passé

• Date et lieu : dimanche 22 septembre, Domaine de la Grange-la-Prévôté, Journées du Patrimoine
• Contexte : festival de chorales internationales, stands d’associations locales
• Déclencheur : un visiteur de 39 ans prend une part de gâteau sur un stand voisin et cherche un couvert
• L’erreur : il passe derrière le stand tenu par Robert et Patricia Schoulevilz pour saisir une petite cuillère sans demander
• Réaction : Patricia proteste, Robert intervient
• Violence : l’échange verbal dégénère ; le visiteur assène un coup, Robert chute contre la table et perd connaissance


2. Qui était Robert Schoulevilz ?

Arrivé en 1974, « Chouchou » faisait partie des premiers habitants de Savigny-le-Temple. Ancien éducateur, il était :
– Trésorier des « Amis du Château de la Grange »
– Bénévole régulier sur les événements municipaux
– Mémoire vivante de la commune pour les nouveaux arrivants

Son décès a frappé un large cercle de voisins, d’anciens élèves, de choristes et d’associatifs qui saluaient son sens de l’accueil.


3. De la petite cuillère au drame : le mécanisme

Pourquoi un objet anodin peut-il déclencher une telle violence ? Les psychologues du conflit mettent en avant trois facteurs :

  1. Le territoire : le stand est vécu comme un espace privé dans un lieu public.
  2. La règle implicite : on demande avant de prendre ; sa violation crée un sentiment d’injustice.
  3. L’effet de foule : bruit et affluence favorisent les réactions impulsives.

Sans médiation rapide, ces trois éléments suffisent à transformer une tension mineure en affrontement physique.


4. Chronologie détaillée de l’incident

– 11 h 35 : prise de la part de gâteau
– 11 h 36 : recherche d’un couvert, appropriation de la cuillère
– 11 h 37 : protestation de Patricia, arrivée de Robert
– 11 h 38 : coup porté, chute violente
– 12 h 05 : arrivée du SAMU, transfert au centre hospitalier de Melun
– 11 octobre : décès après trois semaines de coma
– 14 octobre : ouverture d’une information judiciaire pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner »


5. Répercussions judiciaires et dans la commune

Sur le plan pénal, l’instruction doit établir :
– Le degré d’intention du coup
– Le rôle des témoins dans l’escalade ou la tentative de médiation
– Les dispositifs de sécurité prévus par l’organisation

Côté communal :
– Cérémonie d’hommage (plus de 800 participants)
– Création du « Prix Robert Schoulevilz » pour promouvoir la convivialité
– Audit interne sur la sécurité des événements publics


6. Ce que l’affaire révèle sur les stands associatifs

L’enquête menée auprès des associations locales souligne trois lacunes :

  1. Règles non écrites : chacun pensait qu’elles allaient de soi.
  2. Référent non identifiable : personne clairement chargé de prêter le matériel.
  3. Absence de formation à la médiation : les bénévoles improvisent.

Résultat : une tension banale devient un danger réel.


7. Mesures concrètes pour prévenir le prochain « incident cuillère »

Un kit de bonnes pratiques, validé par plusieurs associations de Seine-et-Marne :
• Affichage clair : « Matériel disponible sur demande » visible dès l’allée.
• Référent identifié : gilet ou badge distinctif.
• Zone neutre : petite table en libre-service pour éviter l’intrusion derrière le stand.
• Formation express (30 min) : techniques de désescalade (voix posée, gestes ouverts, proposition d’alternative).
• Carnet d’incident : consigner immédiatement toute altercation, même verbale.
• Numéro interne d’urgence : téléphone dédié pour joindre la sécurité ou la police municipale.


8. Rôle des organisateurs : obligations légales

L’article L.2212-2 du Code général des collectivités territoriales rappelle que la commune doit :

  1. Assurer la sécurité des personnes et des biens.
  2. Prévenir les atteintes à la dignité humaine.
  3. Prévoir un service de médiation ou un agent formé lors des grands rassemblements.

À défaut, la responsabilité civile – voire pénale – de l’organisateur peut être engagée. L’affaire Schoulevilz sert donc d’avertissement : même un « risque minime » doit être anticipé.


9. À retenir

  1. Un simple écart aux règles de courtoisie peut dégénérer en violence grave.
  2. Référent visible, affichage clair et formation à la médiation réduisent fortement ce risque.
  3. Chaque événement public doit intégrer un dispositif de sécurité proportionné, jusque dans la gestion… d’une petite cuillère.

Rendre hommage à Robert Schoulevilz, c’est transformer cette tragédie en engagement collectif pour des manifestations plus sûres et plus solidaires.

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